PARIS, DES VIETNAMIENS…

De Bui Xuan Quang

 

Faire un film sur Paris et les Vietnamiens…Il ne s’agit pas d’un film sur le Paris des cartes postales, pas plus que d’un documentaire sur la communauté vietnamienne. C’est un film sur les rapports apparents ou peu apparents entre une ville mythique changeant avec le temps, au rythme d’une mondialisation inévitable, et une communauté qui a noué des attaches profondes avec un Paris rêvé, mais aussi subi de lui des blessures récentes, et qui se trouve confrontée à un Paris moderne et réel.

 

1/ Le Paris mythique des poètes. A travers la littérature, la poésie, les Vietnamiens ont appris à aimer la ville de la lumière. C’est le cas de Pham Van Ky (grand prix du roman de l’Académie française 1961 avec Perdre la demeure). Ce Paris s’éteint. Le premier « tour de manivelle » a eu lieu le 15 mai 2008 avec les funérailles de Vinh An, peintre, qui aimait ce Paris millénaire et nous laisse des images du Paris des années 30, 40, 50. (Tableaux de Vinh An)

 

2/ De 1954 (bataille de Dien Biên Phu) à 1975 (chute de Saïgon) : la communauté vietnamienne à Paris, composée d’enseignants, de chercheurs, de médecins, d’ingénieurs, d’artistes, s’intègre sans difficulté.  C’est l’« immigration douce » d’une élite. Huynh Quôc Tê parle du silence des nuits de Huê dans la musque de Tôn Thât Tiêt. Le « silence » qui lie l’Orient et l’Occident, la musique contemporaine et la musique romantique.

 

Avec Kim Lefèvre, écrivaine, nous faisons connaissance avec quelques auteurs vietnamiens célèbres de la littérature de langue française. Elle parle aussi de son expérience comme auteure à succès avec « La métisse blanche ».

 

Trân Quang Hai, ethnomusicologue, présente le chant diphonique, Bach Yên, interprète de La Vie en Rose.

 

Robert Vifian, d’origine vietnamienne, grand spécialiste du vin mondialement connu, parle de son expérience unique.

 

 

3/ 1975, la chute du Sud Vietnam. Immigration massive des réfugiés du régime communiste. Blessures, souffrances, des marques de la guerre.  Des sans-papiers, des réfugiés qui arrivent plus ou moins à s’intégrer dans la société française (témoignages surprenants d’authenticité de Trung, un sans-papiers venant du Nord Vietnam, de Vu, entrepreneur, de Josette Dung, taxi parisien depuis 14 ans) mais aussi des personnages brillants, l’historien Nguyên Thê Anh, avec le témoignage, en vietnamien,  de son ancien étudiant François Guillemot, animateur du fameux groupe le Bérurier Noir devenu historien du Vietnam.

Le film, sans commentaire, est ponctué par la Première Arabesque de Debussy, interprété au piano par Tuyêt Pham, avec une sensibilité double, vietnamienne et française.

 

Quelles que soient leurs expériences de la vie, les « Vietnamiens de Paris » protègent leurs souvenirs du pays d’origine comme leurs biens intimes et précieux. Et Debussy et le Vong Co cai luong se mélangent pour donner un ton mélancolique au film.

LF

Les Éditions de La Frémillerie